Plastic Packaging Tax

Recyclabilité des emballages : la Grande-Bretagne saute le pas en 2022

| Sustainability
Posté par: Thomas Corbino

UK : 2022, année de changements réglementaires sur les emballages

Dans les semaines à venir, deux grandes réglementations sur le recyclage des emballages et les emballages plastiques vont entrer en vigueur au Royaume-Uni, la UK Plastic Tax et le Scotland’s Deposit Return Scheme (DRS), auxquelles devrait s’ajouter dans les mois à venir la Extended Producer Responsability (EPR), actuellement en cours de finalisation. Un durcissement des cadres réglementaires qui va avoir un impact très concret pour les producteurs, les distributeurs et les consommateurs.


Tout d’abord, la collecte des emballages recyclables va être centralisée afin que sa mise en œuvre soit uniforme à travers l’ensemble du territoire national. Ensuite, le système d’étiquetage des emballages, souvent critiqué pour sa complexité, va être remplacé par un système binaire beaucoup plus lisible par les consommateurs, avec d’un côté les emballages recyclables et de l’autre ceux qui ne le sont pas (« Recycle » et « Do not recycle »).


A partir du mois d’avril, les emballages plastiques contenant moins de 30% de plastique recyclé seront taxés à hauteur de 200 livres sterling la tonne. Une situation qui va devenir encore plus drastique à partir de 2023, quand les producteurs, distributeurs, et sites de e-commerce vont devoir payer la totalité des coûts de gestion des déchets de leurs emballages, ce qui inclura le prix de la collecte, du recyclage et des déchetteries.


L’Extended Producer Responsibility devrait couter aux entreprises britanniques la somme de 2,7 milliards de livres par an. Des coûts qui seraient bien supérieurs pour les entreprises ne respectant pas les nouvelles réglementations environnementales, et qui pourraient s’envoler lorsque les entreprises plus petites seront également concernées (pour l’heure seules les entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur à 2 millions de livres sont concernées).


En France et en Europe, un mouvement déjà à l’œuvre

Si les mesures adoptées en Grande-Bretagne peuvent sembler drastiques, elles ne font en réalité que s’aligner sur les réglementations de nombreux pays européens et de l’Union européenne. En France, le gouvernement a lancé en 2019 le Pacte National sur les emballages plastiques, qui a déjà été signé par la quasi-totalité des distributeurs de l’Hexagone. Un pacte qui est beaucoup plus ambitieux que le programme britannique puisqu’il prévoit que 60% des emballages plastiques seront recyclés dès 2022 et que les emballages plastiques seront à 100% « réutilisables, recyclables ou compostables » à l’horizon 2025.


A l’échelle européenne, « une contribution nationale sur les déchets d’emballages plastiques non recyclés » s’applique depuis le 1er janvier 2021. Souvent qualifiée de « taxe plastique », cette contribution a surtout pour objectif d’inciter au recyclage et de financer les programmes environnementaux de l’Union européenne qui visent à atteindre un taux de recyclage d’au moins 55% d’ici 2025, 60% d’ici 2030 et 65% d’ici 2035. Des mesures qui expliquent la hausse du recyclage au sein de l’UE, où 41% des déchets plastiques (soit 14,1 kilos par habitant) étaient déjà recyclés en 2019.


Le besoin de data pour contrôler toute la chaine de production des emballages

Mais que ce soit en Grande-Bretagne, en France ou dans l’Union Européenne, les exigences réglementaires en matière de recyclabilité, pour être mises en œuvre et contrôlées efficacement, vont nécessiter dans les mois et les années à venir une collecte et une gestion des données massives de la part de l’ensemble des acteurs. C’est une révolution de grande ampleur à laquelle distributeurs, producteurs et régulateurs doivent se préparer dès aujourd’hui pour pouvoir garantir la traçabilité et la conformité des emballages.


En clair, et c’est déjà le cas au Royaume-Uni, les entreprises vont désormais être responsables de la mesure et de l’évaluation de la conformité des emballages de leurs produits par rapport aux nouvelles exigences en matière de recyclabilité. Pour ce faire, c’est tout un écosystème de collecte et de traitement des données qu’il faut mettre en place en un temps record pour dresser un état des lieux de la situation présente, et anticiper les évolutions à mettre en œuvre pour rester conforme aux évolutions réglementaires.


« Les enjeux sont clair. Il faut répondre à la réglementation, avec des impératifs qui commencent dès 2025, c’est-à-dire demain. À cette date, 100 % des emballages plastiques à usage unique devront être recyclés comme l’exige le Décret 3R : Réduire – Réutiliser – Recycler », a expliqué Charlotte Le Coz, Product Marketing Manager chez Trace One, le spécialiste de la collaboration entre producteurs et distributeurs, dans les colonnes du magazine LSA. Et de poursuivre. « Le nerf de la guerre, c’est la data, à condition qu’elle soit structurée et fiable ».


C’est la raison pour laquelle Trace One, comme d’autres acteurs du secteur, développe des suites logicielles visant à gérer la collecte standardisée des données, « pour aider nos clients à prendre les décisions les plus pertinentes pour améliorer leurs emballages ». Selon Charlotte Le Coz, le tableau de bord Trace One permet de faire un état des lieux de la situation et de repérer les points à améliorer pour optimiser la recyclabilité des emballages. « Nous intégrons aussi les volumes de vente pour orienter vers des solutions adaptées. C’est donc véritablement une analyse globale », a-t-elle conclu.